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Fonds d'Archives Saint-Boniface

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Quelques figures de l'Institut


De Neuter Charles (Mod 1927)

Charles-Achille DE NEUTER
(Mod 1927)
Bruxelles, 6 février 1910 - 5 août 2001
Totem : Petit Castor

 

 

 

Charles De Neuter fait partie de ces personnalités discrètes du mouvement scout, dont l’action apparaît toutefois importante au regard de l’histoire de la Fédération des Scouts Catholiques. Il découvre le scoutisme en 1923 lorsque, de retour du Canada où son père était secrétaire de la Société des Belges de Montréal, il est inscrit en 5e année d’humanités à l’Institut Saint-Boniface à Ixelles. Une troupe scoute y existe depuis décembre 1918, créée à l’instigation de l’abbé Charles Helsen, qui en confie la direction initiale à René Weverbergh, un personnage haut en couleurs du mouvement scout catholique au cours de l’entre-deux-guerres. Favorable au scoutisme, dont il avait pu voir l’extension au Canada, son père l’inscrit d’emblée dans la troupe du collège, avec ses frères Léon et Pierre. Il fait rapidement sa promesse et est nommé second de patrouille dès 1923, année au cours de laquelle il participe à son premier camp scout, le camp du Hérou, sur les bords de l’Ourthe. De ses premières années de scoutisme, Charles De Neuter conservera deux souvenirs mémorables : son amitié pour Georges Remi, qui allait devenir notre futur Hergé, et sa participation au grand voyage organisé par la troupe pour assister au Congrès de la jeunesse catholique à Rome en 1925. Pendant 40 jours, ce voyage fera parcourir plus de 5000 kilomètres aux 25 scouts et routiers du périple, véhiculés sur un des premiers auto-tractions Minerva de Belgique, tout le long d’un trajet qui leur fera découvrir Verdun, Nancy, Colmar, Bâle, Lucerne, le Col du Saint-Gothard, Milan, Venise, Ravenne, Florence, Assise, Rome, Naples, Pompéi, Capri, Sienne, Pise, Gênes, Turin, le Col du Grand Saint-Bernard, Fribourg, Berne et Belfort. Un voyage tout à fait extraordinaire pour l’époque… Fin 1925, Charles De Neuter est nommé Chef de la Patrouille des Castors, pendant que son ami Hergé devenait routier au Clan Saint-Boniface.

En 1927, Charles De Neuter sort de première moderne et se lance, peu après, dans des études de géomètre - expert immobilier qui le conduiront ultérieurement à entrer dans la fonction publique, où il réalisera toute sa carrière professionnelle jusqu’au poste de Directeur régional honoraire au Service spécial des levés et plans généraux du Cadastre du Ministère des Finances. Pour autant, Charles De Neuter n’abandonne pas le scoutisme et intègre le clan des routiers de l’Unité Saint-Boniface en 1928. Avec ses frères, il y fait partie de l'Equipe des Argonautes. Commence ici une longue marche sur la Route qui fera de Charles De Neuter un routier de cœur et d’esprit tout au long de sa vie. A la tête du clan, il retrouve René Weverbergh, par ailleurs chef de l’unité. Pour répondre à la devise des routiers, « Servir », Charles De Neuter s’engage dans de multiples services, entre autres celui d’assistant à la meute de louveteaux du collège en 1933. En 1934, il s’investit davantage dans la direction du clan en devenant, avec André Staes, l’assistant de René Weverbergh. Comme tel, il rédigera régulièrement une « Chronique des Routiers » pour la revue du collège à partir de janvier 1936, afin de maintenir informé les anciens des activités du Clan Saint-Boniface. Charles De Neuter assure la rédaction de cette chronique jusqu’en juin 1939, date à laquelle la revue cessera de paraître suite à l’imminence de la guerre. Cette expérience préfigure l’intense activité qu’il mènera après-guerre au sein de la Route des Hommes, puis de Fraternité de Route. Dès janvier 1937, fut créé un « Club de Routiers » au sein de l’Unité Saint-Boniface pour regrouper les anciens routiers mariés. Charles De Neuter fait partie des 51 premiers membres du Club, placé à l’époque sous la direction d’Henri Derwael qui sera le 1er commissaire en titre de la Route des Hommes de 1950 à 1952. Le 7 mai 1939, après 16 années de direction, René Weverbergh, appelé à gérer le nouveau camp de formation de la FSC à La Fresnaye, passe la main à Charles De Neuter qui dirigera les destinées du Clan Saint-Boniface jusqu’en 1949, avant de céder sa place à Paul Orianne. Quelques années plus tard, lorsque René Weverbergh abandonnera son poste de chef d’unité en 1953, il assurera à nouveau la relève en reprenant en mains cette fonction jusqu’en 1959, date à laquelle Pierre Jonckheere lui succèdera.

Cette intense activité au sein de l’Unité Saint-Boniface, qui se poursuivra d’autre part à travers la Chaîne des Anciens de l’unité, ne doit pas faire oublier les multiples engagements qu’il prendra parallèlement vis-à-vis de la FSC. En 1931, la fédération lance ainsi une vaste campagne de propagande organisée pour accroître les effectifs du mouvement, mais surtout pour mieux faire connaître le scoutisme à l’opinion publique. Pour ce faire, un Bureau Fédéral de Propagande est mis sur pied et sur les 6 services qui le composeront, 3 seront placés sous la responsabilité de routiers du Clan Saint-Boniface : Charles De Neuter coordonnera le service Secrétariat et Documentation, pendant qu’André Staes s’occupera de la Trésorerie et Jean Weyers, du Service presse. Les 12 et 13 février 1937, il participe également à l’organisation du premier congrès routier de la FSC à Bruxelles, qui rassemblera près de 400 routiers et où il présentera une communication sur « La Route doit être une Elite au point de vue professionnel ». Il intègre peu de temps après le comité de rédaction de la revue Routier !, où il est chargé du service de propagande, et devient conseiller du Commissariat à la Route. En janvier 1938, il sera encore nommé chef routier du district de Bruxelles Sud-Est. 

Au cours de la guerre, Charles De Neuter fera preuve d’un engagement patriotique qui lui vaudra d’être plusieurs fois médaillé, entre autres de la Résistance et de la Kings Medal for Courage in the Cause of Freedom. A peine nommé chef de clan, la mobilisation générale le rappelle sous les drapeaux en septembre 1939, mais le clan poursuit ses activités jusqu’au 10 mai 1940. Tous les routiers bruxellois sont évacués quelques jours plus tard vers le Midi de la France, sur ordre du Gouvernement. Lieutenant d’artillerie de réserve, Charles De Neuter est fait prisonnier au moment de la capitulation de l’armée belge, le 28 mai 1940, mais il parvient à s’évader avec 3 autres officiers de son régiment et revient à Bruxelles. C’est en ces temps difficiles, au mois de juillet 1940, qu’il épouse Lisbeth Deshayes, dont il aura dix enfants. Constatant que l’occupant ne traque pas les anciens militaires, il décide peu de temps après de reprendre son travail de géomètre à l’administration du Cadastre, de même que ses activités de chef de clan. C’est en tant que tel que, fin 1940, il est contacté par l’abbé Joseph Dessain, professeur au collège et surtout aumônier de ce qui deviendra l’Armée secrète, pour entrer dans la résistance. Ce qu’il accepte, devenant ainsi chef du groupe de protection du service de santé de la Légion belge en février 1941. Comme membre de l’Armée secrète, il recrutera plusieurs routiers du Clan Saint-Boniface, qui le rejoindront au sein du Peloton De Neuter qu’il dirigera. 

Simultanément, Charles De Neuter poursuivra ses activités de chef routier de district au sein de la FSC, contrainte également à travailler dans l’ombre, les activités scoutes étant interdites par l’occupant. Vers la fin de l’année 1941, dans un souci de coordination des efforts de chacun, l’ensemble des districts de Bruxelles seront unifiés pour former l’unique District du Grand-Bruxelles, placé sous la direction du commissaire André Saint Remy. Il occupera dans la nouvelle équipe la fonction de chef routier du district jusqu’en janvier 1943, aidé dans sa tâche par l’abbé Proost. A ce poste, Charles De Neuter travaillera à dynamiser et à coordonner les activités des routiers de Bruxelles. Il sera aussi l’initiateur, avec un petit groupe de routiers, de la revue L’Etape qui sera l’organe (stencilé) des routiers du Grand-Bruxelles de septembre 1941 à septembre 1944, avant que la revue Carrefour des Routiers ne prenne le relais. Durant trois ans, il sera responsable de cette revue, aidé dans sa tâche par plusieurs routiers du Clan Saint-Boniface, parmi lesquels Serge Pouppez de Kettenis, Charles Nannetti et Etienne Jonckheere. De nombreux collaborateurs de la revue seront également issus de l’Unité Saint-Boniface.

En 1943, Charles De Neuter assiste encore à la création de la Route des Hommes au sein du commissariat à la Route de la FSC. Destiné à regrouper les routiers mariés encore actifs dans la vie des clans, la Route des Hommes éveille l’intérêt du club routier du collège et une Chaîne Saint-Boniface est aussitôt créée. Charles De Neuter est le chef de l’Equipe du Rostre de la Chaîne en 1945, mais il s’investit par après de plus en plus dans la direction de la Route des Hommes. A partir de 1953, il fait ainsi partie de l’équipe nationale de la Route des Hommes, où il s’occupe du service de diffusion de la branche, et il remplace provisoirement Charles Nannetti au poste de responsable du district de Bruxelles de la Route des Hommes en 1956. En avril 1957, l’ouverture de la Route des Hommes aux femmes des routiers mariés, donne naissance à Fraternité de Route. Le 1er décembre 1957, il devient officiellement commissaire national de Fraternité de Route, au côté de Roger Demain, commissaire de la Route des Hommes depuis 1952 et nommé pour sa part président de Fraternité de Route, et de l’abbé Paul Lambot, aumônier fondateur de la Route des Hommes depuis 1949. Il restera en fonction jusqu’en mai 1961, date à laquelle Pierre van Gehuchten lui succèdera, mais il restera membre de Fraternité de Route jusqu’à son décès .

Thierry SCAILLET